Ça y est, c’est déclaré,
Y’en a plus en papier,
Va falloir qu’on s’y colle
Et que l’on s’en bricole.
Encore un truc à perdre
Un truc à oublier
A laver, repasser,
Repriser et ranger.
Et quand il s’ra tâché,
Déchiré, abîmé,
Ou si la mode a changé,
Faudra l’refabriquer.
Sortez vos aiguilles,
Vos ciseaux, vos bobines,
Remplissez vos canettes,
La machine est fin prête.
Découpez les torchons,
Les draps, les serviettes,
Les chemises, les molletons,
Et surtout ce caleçon.
Ce sera une belle occasion
De s’en débarrasser
D’ce sous-vêtement zébré.
Ce merveilleux tissu,
Au moins il n’le mettra plus
Quand il l’aura sur le nez.
Allez viens on s’y met,
La machine nous attend.
J’ai bien tout préparé,
Découpé, calculé.
Pour pouvoir souvent les changer,
Il nous en faudrait
Au moins un millier.
Si on commence maintenant
Tout sera terminé
Quand on pourra enfin se faire vacciner.
On s’y est mis à plein,
On s’est bien appliqué.
On a cousu les quatre coins,
Et chacun des côtés.
Toutes ces mains en même temps
Sous l’aiguille pressée :
C’est un miracle ma foi
Qu’il nous reste à chacun
Une dizaine de doigts.
L’élastique rose et rayé
de la cour de récré
Y est passé tout entier.
Alors j’en ai commandé
Du super résistant,
Fabriqué par les Allemands,
Il peut bouillir dans un volcan.
Voilà l’affaire est bouclée,
On a tout raccroché
Les patrons sont rangés
Les produits sont finis.
Je pars faire les courses,
Je vais pouvoir étrenner
Ma création maison.
A peine glissé les liens
Du premier spécimen
Derrière mes oreilles
Les voilà qui s’étirent,
S’élancent vers le ciel.
Dumbo attends-moi,
Je m’envole te rejoindre,
Je resterai promis,
A deux mètres de toi.
L’élastique est trop raide
Il y a semble-t-il
Incompatibilité
Entre caoutchouc teuton
Et patron gaulois.
Je crois que je vais m’en tenir
Comme ce gosse au marché,
Aux tenues de carnaval pour me protéger
Bien habillée,
Du front au menton,
J’risquerai pas la contagion.
Personne n’osera m’approcher,
Me toucher, me parler,
Quand comme Dark Vador
Je me serai masquée.