Écrits à croquer nature
J’ai décidé de confier à cette page et à votre regard des poèmes, des compositions, des mots qui me parlent, et peut-être vous diront aussi.
Ne me dis pas tout – 03 juin 2020
Ne me dis pas tout, Je ne veux pas savoir. Je sens déjà trop fort Ce que tu ne dis pas. Et je ne t’entends plus Dans la cacophonie muette De nos émotions. Je voudrais bien t’écouter, T’accompagner sur ce chemin. Mais ce que tu as sur le cœur M’est trop lourd à porter. Ce n’est pas de l’égoïsme, Ni de l’indifférence. Mon cœur craque aux coutures, Je ne peux rien y ajouter. S’il te plait crois en ma fidélité Comme je chéris notre amitié. Mais là aujourd’hui si j’ajoute Ton fardeau à ma peine Je coulerai avec elle, Dans la mer blanche de l’insomnie, La poix gluante de l’anxiété. Partageons des sourires, des larmes, des pas. Mais ne me raconte pas trop, Que ta maman va mourir, Que tu fais un burn out, Piétinée par un travail absurde, Que tu enchaines les fausses-couches, Que ton ami a un cancer, Que tu es victime de harcèlement moral, de violences conjugales. Qu’on t’a volé ton enfant. Que ta famille et tes amis se détournent de toi, Séduits par un méchant. Evoque le sujet sur la pointe du coeur, Je comprendrai complètement. Je vous accueillerai tous les deux dans mes bras. Mais n’en parlons pas trop, Mes cicatrices sont douloureuses, Je risque de pleurer plus que toi, Nous en serons toutes les deux mal à l’aise. Si tu veux me dire que toi non plus Tu ne peux pas trop soulager mon âme de ses pierres, Qu’elles résonneraient trop fort dans la tienne, Viens un instant près de moi, Sans parler nous pourrons partager Dans un silence muet. Nous pleurerons ensemble De la joie de nous être trouvées, Et d’avoir oublié un instant Ce que tu ne me dis pas, Ce que je ne peux plus entendre.
Quelqu’un m’attend – 28 novembre 2019
Quelqu’un m’attend En bas de l’escalier. Seule dans la cour, Je l’ai aperçue par la fenêtre, En enfilant mon manteau. Ça va changer ma matinée. Je sens mon visage sourire. Quelqu’un m’attend Au bout de ma journée. Seul appuyé sur le mur, Il lit un magazine replié. Ça va changer ma soirée, Ça va changer ma vie, Je sens mon cœur sourire. Quelqu’un m’attend Au bout de ces hasards. Je les triture, je les malaxe J’essaie de les digérer. Je les dépose sur le papier, Ça va changer ma nuit. Je sens mon ventre s’apaiser. Et c’est moi que je trouve De l’autre côté de cette attente, Sur l’autre rive de de ces mots, Dans ceux que j’échange avec toi C’est moi et je t’attends. Et c’est toi que je touche Nous sommes cet ailleurs.
Salomon, hélas – février 2017
Dis rends moi ma poupée ! Attention tu vas la casser, Tu as déjà déchiré sa robe Arraché son bras Et emmêlé ses cheveux… Dis rends moi mon bébé ! C’est dans mon ventre qu’il a germé En moi qu’il a tricoté sa petite vie. C’est moi qui dans la lueur furtive de son regard Dans le rythme de sa respiration Dans l’intonation de son inspiration Devine son humeur, Ressens ses secrets. Dis rends moi ma vie ! Je ne sais plus qui je suis. Tu m’as toute cassée. Je tends les bras vers un après Je tremble et pourtant, Déterminée je veux y accéder. Dis rends moi ma jeunesse de femme ! Mon charme pétillant Mes envies en feu d’artifice Mes rêves diffus effilochés Mes fous rires, Ma confiance éblouie. Tiens ! c’est à toi. Je te rends la souffrance éprouvée La peur, la soumission La terreur et la perdition L’ombre de mes repères envolés Je n’en ai plus besoin. Je suis heureuse et libre Je sais qui je suis. Je sais qui tu es, un prédateur charmeur, un monstre déguisé, sans les évidences d’un conte de fées. Et moi, moi je suis en paix. A moi, demain ! J’enjambe mon cœur rafistolé.
16h30 – 12/01/2017
J’attrape sa petite main Tous ses doigts dans ma paume. Ça colle un peu C’est tiède et humide Des traces de crayons de toutes les couleurs Une odeur de savon jaune accroché au mur de transpiration douce Du métal de la cage à écureuil Peut-être un peu de terre du bac à sable, de pâte de fruit du goûter Tout le charme de l’enfance volatile dans ce geste et ces sensations Tu te racontes mais je ne t’écoute pas Ta main dans la mienne me parle trop fort. N’allons pas laver ces petits doigts, Faisons semblant encore un peu…. Retenons mon enfance dans le creux de tes petites mains.
Aube de brume – automne 2016
Cette nuit un nuage s’est échoué sur la ville engourdie. Dans le noir laiteux, de ce qui n’est pas encore l’aurore, Le froid des pierres éveille mes orteils récalcitrants. Le mouillé de l’air m’enveloppe, Ma peau s’apprête à accueillir la pluie peut-être. L’éponge du brouillard a tout effacé : Les immeubles trop hauts, Les bâtiments trop laids, Les lumières blanches trop jaunes, Les doigts pointés vers le ciel Donneurs de leçon et arrogants des tours. Dans cet oubli flou opportun tout est à nouveau possible. Je distingue mes mains mes pieds Autour de moi les arbustes que j’ai plantés. Nous voilà en plein ciel sur une île Flottant au-dessus d’une ville fantôme, Levons l’ancre, il est temps de partir.
Tous les ‘Et si’ et les ‘pourquois’ – 24 mai 2019
J’ai des ‘Et si’ plein les poches, Ça déborde et ça s’accroche, A toutes mes aventures, A toutes mes conjectures. J’fais des ricochets avec mes ‘pourquoi’ J’en trouve partout, même avec toi, J’en ai plein les mains Si tu en veux, tiens. Y’a tellement de ‘et si’ dans ma vie, Que la moindre péripétie Se transforme en roman. Le temps de claquer dans les doigts, ‘Il était encore ma fois’ Plusieurs tomes instantanés, Ont rejoint les rayons désordonnés De ma bibliothèque personnelle. Autant de cauchemars virtuels, Prêts à l’usage, bien reliés, Tenez, on brade, choisissez. J’ai l’imagination mal lunée El’ a dû se lever du mauvais pied En se levant elle a glissé. Il doit pleuvoir dans ma tête, Elle a dérapé et se heurte Décors très réalistes Catastrophes garanties Vous en aurez pour votre argent Et sur le grand huit de mes émotions, Je suis toute secouée En haut en bas, trop vite trop fort A gauche à droite, tout le temps Tout le temps… Mais moi je voudrais des ‘et si’ qui volent, Qui frôlent le soleil, s’emmêlent dans les branches Je voudrais des pourquoi qui rient, Tressés comme des pâquerettes, Au son clair comme des grelots.
Pour S. – le 23 septembre 2019
J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent, leur cœur se balancer.” (Anne Sylvestre) J’aime les gens qui savent se baisser, à hauteur de l’enfant qu’ils étaient, dans des réflexes non oubliés. Ceux qui s’arrêteront demain, arrosoir à la main, pour tendrement regarder, les fleurs se réveiller. J’aime les gens qui vont se promener, sous la pluie, tout mouillés, sauvent une chenille égarée. J’aime les gens qui savent entendre, les mots que je ne dirai pas, et qui d’un seul regard, les accueilleront tout bas. Ceux qui ont fini de tricher, de mentir, de dissimuler, de se cacher derrière le paravent de leurs chimères. J’aime les gens qui se trompent, trébuchent et s’emmêlent, hésitent et se perdent. J’aime les gens qui comme toi Ecoutent patiemment, Rient d’un coup de vent, Se souviennent qu’ils ne sont rien, Et pourtant tout pour moi.