Assiégée par la pluie, l’IA et beaucoup trop de questions
Off, Gaïa, off!
Oui, notre chienne parle anglais. Preuve si besoin était, que je la subis plus que je ne m’en occupe. Les animaux, je les aime dans leur habitat naturel, dehors donc. Dans notre espace de vie chaotique et rétréci, les poils, la boue des pattes mouillées de Gaïa et ses aboiements exacerbés par les allers-retours constants des artisans dans notre maison exaspèrent encore plus.
– Come on, Gaïa, off!
-Tu vois, depuis que le canapé est en bas, elle a repris ses mauvaises habitudes et se couche dessus. Hier, j’ai été obligée de lui demander de descendre à quatre reprises.
À quatre reprises lors d’un passage éclair pour avaler un curry de poulet de mon ami Picard. Le plombier nous a confié en riant tout à l’heure que lorsque, le même jour, il est venu vérifier les radiateurs, elle était étalée sur les coussins et ne s’est même pas réveillée. À l’issue de notre réunion de chantier, l’architecte nous a félicités pour notre rangement avant de s’enquérir :
-Et vos petites bêtes elles sont où ?
Les gerbilles.
-Sur le canapé, en haut.
-…
-Comme Gaïa. Nous faisons une jolie maison et les canapés sont annexés par les animaux.
Soupir résigné.
(Quelle est l’espérance de vie d’un chien déjà ?)
Oui, ne hurlez pas, je le sais : il n’est pas admis d’avouer qu’on n’aime pas vivre en compagnie d’animaux. À mon sens, c’est aussi aberrant que si nous allions nous installer au fond du terrier d’un lièvre, ou dans le nid d’un rouge-gorge. D’ailleurs, Gaïa, chienne rescapée par une association allemande dans un sous-bois roumain, est plus sauvage que domestique. Elle passe sa journée à chaparder de la nourriture (le délicieux gâteau de ma fille a disparu ainsi lundi), et se creuse des repaires dans la terre sous les haies. Chaque espèce a un environnement adapté à ses besoins. Nous tentons de créer le nôtre.
Parce que les chambres des trois enfants doivent maintenant être refaites, nous les avons vidées complètement, et entreposé leurs trésors dans la seule pièce à peu près épargnée par les coups de marteau et de pinceau. Mon garçon étudiant vit, heureusement pour lui, en colocation. Sa chambre-bureau-animalerie-bibliothèque-lingerie-débarras exhibe désormais sans pudeur les moutons accumulés. Les filles sont délocalisées avec leur matelas, pour l’une dans l’atelier entre les sacs de stocks de nourriture et de vaisselle, les chaussures de randonnée et les boites de laine et de tissus, et pour l’autre entre le canapé et mon bureau provisoire dans le nouveau salon. Pendant trois jours, le week-end et le premier mai, nous avons démonté, tiré, poussé, porté, monté, descendu, remonté, entreposé, pour les donner aux voisins, des lits trop petits, déplacé des étagères Billy trop nombreuses, toussé dans la poussière, charrié des quintaux de bouquins.
En décollant ses photos et affiches de la vieille tapisserie au mur de sa chambre, ma grande a soufflé entre les dents, la tête penchée :
-Encore déménager. J’en ai marre.
Partir en Allemagne, revenir à Lyon et aménager en haut, s’installer maintenant en bas, pour bientôt remonter. Sans changer d’adresse, nous déménageons encore. Certaines étagères auront connu toutes les pièces de la maison. Que de manutention et d’objets inutilisés et pourtant déplacés ! J’ai envie d’appeler Emmaüs : bienvenue, venez, servez-vous. Ne laissez que les lits, les bureaux et une poignée de livres. Ah oui, et les canapés, pour les animaux.
Les gerbilles et la chienne sont bien traitées chez nous. Les plantes aussi. Nous avons commencé l’élevage de champignons.
La cuisine, où nous campons en attendant l’installation des meubles, est donc verte d’une jolie nuance sauge ou olivier, « ça fait anglais », nous a dit le peintre. Nous lui avons demandé deux échantillons, et après quelques semaines, la teinte choisie nous plait toujours, à toutes les heures du jour et de la soirée, par toutes les météos. Heureusement, car ces derniers jours, le vert s’est plu (ah, ah) et s’est multiplié. Il pousse sur les linteaux intérieurs des fenêtres en tâches inégales et arrondies de dégradés vert-de-gris comme des lichens sur un rocher de granit. J’aime la nature, vous le savez, et je la laisse volontiers envahir mon intérieur, surtout quand elle est végétale plutôt qu’animale. Mais je préfère quand elle passe par la porte.
Notre nouvel espace de vie est au rez-de-chaussée, et même quelques marches en dessous du niveau du sol. Cela nous permet de profiter à l’arrière, côté baie vitrée, d’une terrasse en contrebas de notre forêt de poche, et côté rue, d’un jardin mutilé et de la bouille de Gaïa au niveau de la nôtre ou presque, quand elle pose ses pattes sur le rebord des fenêtres.
Il a beaucoup plu ces derniers jours, ça n’a échappé à personne. En passant le pont de la Guillotière hier de retour de l’atelier de poterie, le Rhône roulait les mécaniques, torrent monstrueux de boue marron aux courants violents. Je venais de poursuivre le modelage, commencé avant les vacances, d’une petite fille qui tient des deux mains sa robe pour ne pas la mouiller et regarde ses pieds enfoncés dans l’eau d’un bord de rivière. J’ai hâté le pas.
Dimanche pour notre premier matin dans la nouvelle salle à manger, en bas donc, après une nuit à écouter la pluie murmurer, en préparant le café sur un guéridon de jardin d’un vert délavé, le désastre nous a sauté aux yeux : des gouttes coulaient le long de la fenêtre, à l’intérieur.
Ce n’était pas tout à fait une surprise. Les linteaux avaient déjà suinté et des mesures palliatives avaient été prises avant que l’isolation de la façade soit faite. Donc, dimanche matin, branlebas de combat et texto à l’architecte : nous sommes assiégés par l’eau, il pleut dedans et la terrasse est devenue une piscine.
Les gouttes se sont multipliées et ont détrempé le placoplâtre. Passons sur les différentes actions correctives menées depuis. Il a plu cette nuit, difficile de savoir si nos lichens, qui ont le bon goût d’être dans des tons assortis aux murs, ont proliféré. Le plafond ne semble pas dégouliner. Ce matin, le soleil éclabousse notre chaos de lauriers déterrés et cet après-midi, il jouera avec la marre, pardon, la mare de la terrasse. Notre pisciculture est en bonne voie. Bientôt, nous élèverons des têtards et, hélas, des moustiques-tigres.
Pour déplacer nos biens, nous avons réquisitionné des mains et des dos jeunes. Ma benjamine a enfilé un casque afin de se donner du cœur à l’ouvrage. Elle chante dans le futur, les pièces en rénovation, pour tester l’acoustique, l’écho du vide. Elle a un objet à réparer.
-Où est la colle forte ?
-Sur l’étagère en haut, en bas.
Il est difficile de se repérer dans un espace en mutation. Les gestes de la main permettent de déchiffrer cette dernière réponse.
-Ici ?
-Non dans le salon. Enfin, l’ancien salon. Sur l’étagère où se trouve la peinture.
Enfin, là où elle se trouve toujours j’espère.
-Tu sais, dans ce qui sera un jour mon bureau.
Les Billy Ikea achetés en urgence en arrivant à Mainz, et montés grâce à l’aide précieuse de copains de Lyon (amis originaires de Mainz – ganz liebe Grüsse) ont tenu bon. Ils viennent de vivre un nouveau déménagement sur place avant de trouver leur place définitive. Pourquoi gardons-nous tant de livres ? Avant de partir en Allemagne, plusieurs sacs-cabas sont partis pour la foire aux livres de l’école. Il faudrait recommencer, mais ce n’est jamais le bon moment pour trier. Aujourd’hui l’enjeu est de respecter la date butoir, veille de l’abattage de cloisons, demain donc.
Voilà plusieurs jours que je veux vous écrire : une main dans le dos me pousse, une autre retient mes doigts sur le clavier, et parfois même m’en éloigne. Les excuses foisonnent : il faut que j’aille à la poste, le marteau du plâtrier fait trop de bruit, mon ordinateur paresse, il est temps d’en changer, regarde Word ne répond pas, oui, encore, oui. Il faudrait que je m’attèle au marketing de ma microentreprise. Tous ces prétextes sont véridiques et valables. Certains ne disparaitront jamais (ne faut-il pas toujours retourner à la poste ?), d’autres s’étioleront avant de disparaitre. Le plus gros obstacle cependant, c’est moi. Moi qui m’interdis de soûler mes lecteurs avec mes histoires de travaux qui conditionnent tous nos faits et gestes pour encore quelques mois, et surtout d’aborder les sujets majeurs qui m’occupent et me préoccupent. Coincée.
Une amie avec qui je déjeunais en mars et que je n’avais pas revue depuis plusieurs mois m’a raconté :
-Tu sais, ma fille, elle a changé de travail. Elle s’est installée avec son chéri.
-Oh, super, je ne savais pas.
-Non c’est vrai. Moi je suis au courant des événements de votre vie, car je lis ton blog.
Ça m’a fait sourire et réfléchir.
Oui recevoir des nouvelles de mes amis et de mes lecteurs me fait toujours plaisir, et oui je partage en ligne des anecdotes de mon quotidien, quand elles ouvrent sur des réflexions plus larges ou des traits d’humour. Contrairement aux apparences, je ne raconte pas ma vie : je ne dépose ici que les couleurs de mes jours en pointillés, des tâches spontanées dans lesquelles je déchiffre des formes. (Oui comme les moisissures de mes linteaux.) Le contour, le dessin, la trame relèvent de mon intimité et le contexte global de ces histoires reste privé.
Je ne crains plus la vulnérabilité depuis que j’ai compris que c’est ce qui rendait mes interlocuteurs attachants et me permettait de créer du lien, comme le personnage de la tristesse dans le dessin animé de Pixar Inside Out (Vice Versa). Les superhéros, les personnalités cachées derrière un CV ne m’intéressent pas et me font fuir. Un profil LinkedIn sur pattes (à chaussures pointues) c’est froid et repoussant, car ça sonne faux. Les émotions et les sentiments naissent dans l’authenticité et l’imperfection. Je laisse bien volontiers aux Narcisse leurs miroirs déformants et accepte la transparence de la fenêtre, même faufilée de traces de plâtre dégouliné. Dans la limite où cela ne porte préjudice à personne.
Cette remarque que je muris donc depuis le mois de mars m’amène à un autre sujet en gestation depuis plusieurs années, déjà abordé aux débuts de ce blog (voir article Racines nues) : la question de l’identité et du lieu de vie. Où suis-je le plus « moi » ?
Ce week-end, en remplissant mes sacs, en soufflant pour les descendre sans me casser le dos, en replaçant les piles sur les étagères en essayant de respecter la logique dans laquelle elles avaient été placées (livres à lire, livres sur l’écriture, polars, feel-good books, livres en français, livres en allemand, livres de jardin et de recettes), je me demandais : à quoi bon les garder ? Ceux qui sont lus ne le seront sans doute pas à nouveau, les autres ont peut-être dépassé le moment idéal pour les lire. Une pièce sans livres, sans les murmures silencieux de leurs auteurs, n’a pas d’âme. Mais pourquoi en garder autant pour les déplacer sans arrêt ? Comment ferais-je quand j’irai en maison de retraite (oui, je vois loin) ? Et le jour venu comment survivre au tri de ma maison familiale en Ardèche et à celle de mon mari à Londres, gestes crève-cœur, peut-être libérateurs ?
Que de questions sans réponse, que je dépose à vos yeux, sur le canapé ! Tenez, en voilà d’autres.
Je m’installe enfin chez moi et m’interroge, tiraillée entre une grande conscience de ma mortalité, et les traces du passé retenues comme des talismans. Puis-je me sentir chez moi dans une maison sans souvenirs ? Dans un lieu où les hasards m’ont posée ? Où je ne suis pas née ? Peut-on renaître ailleurs ? Mes souvenirs existent-ils sans médiateurs ? Mon enfance sans la maison qui l’a protégée ? Celle de mes enfants, privés de demeure pérenne, sans leurs dessins immenses et colorés enroulés tenus par des élastiques et leurs bricolages de carton dont le scotch cède ?
Une chose est sûre, je pourrais donner (la plupart) des romans, mais pas me séparer des albums jeunesse. J’ai les miens et ceux de mes trois enfants, entreposés en Ardèche et je ne sais où, objets de papier, promis comme nous à la poussière. Je garde précieusement ces fleurs sauvages de mon herbier intime, car enfermés entre leurs pages cornées à l’odeur de vieux murs, chahutent encore des rires et des câlins, et des chatouilles sous les pieds minuscules d’un baby gros.
Certains lieux sont associés à des êtres, et réciproquement. La vue d’un paysage familier, machine à voyager dans le temps, nous plonge dans un instantané en noir et blanc. En contemplant depuis un col, les crêtes violettes des collines de mon Ardèche, j’ai cinq ans, au sommet d’un toboggan et mon petit amoureux David, vient de me les indiquer du doigt et profite de ma tête qui se tourne pour poser un bisou sur ma joue. Sous les platanes du quai Augagneur à Lyon j’ai vingt-six ans et l’hôtel-Dieu en face est encore un hôpital noir de pollution. Rue Mortier, où je suis passée hier, je marche à tâtons derrière ma première grossesse, sans la main rassurante d’une future grand-mère. Au deuxième étage d’un escalier de pierre, j’ai traversé, émue le seuil de l’appartement, pour la première fois, mon bébé dans les bras. Il y a eu un autre seuil, lui aussi vendu, pour deux autres bébés, avec un autre papa.
Mes souvenirs vont-ils disparaitre lorsque le camion d’Emmaüs disparaitra au coin de la rue ? Vais-je lui courir après en paniquant ? Quand vais-je cesser de me chercher dans des objets ? Comment s’affranchir de son musée personnel ? Puis-je appartenir à un lieu qui ne m’appartient plus ? Puis-je me libérer d’un lieu aimé ? L’Ardèche, je l’emmène partout avec moi. Et peut-être que je sais mieux l’aimer de loin. Sur place, mes racines m’enlacent et m’entravent, souvent je baisse les yeux et barbouille mes joues. Partir de chez soi fait souffrir, revenir aussi.
Pour éviter un retour symbolique, au moment du prochain rangement, le dernier avant longtemps j’espère, j’ai décidé de me séparer de dizaines de cahiers et de carnets. Pour atteindre ce but, tu t’abstiendras, Estelle, de les ouvrir. Les phrases échappées pourraient, elles aussi, t’encombrer.
Refermons la porte sur un canapé sans chien (car très occupé à me labourer les rares plantes restantes) et ses étagères-cariatides croulant sous les livres de poche, de cuisine et quelques bandes dessinées.
Je suis découragée, sachez-le. Mes bras tombent sous le poids de l’IA et du foisonnement du monde. Hier soir, j’ai griffonné un titre dans ma liste de possibilités pour le roman que j’ai commencé. Sans crier gare. C’est pas mal ça, Sans crier gare. Ce matin, au détour d’un billet littéraire sur Instagram, ce titre, celui d’une traduction récente, m’a sauté aux yeux. Bien sûr, il existe déjà. Le pessimisme m’a dégringolé dessus : à quoi bon créer si tout existe déjà ? À quoi bon créer si des algorithmes le font ?
Et pourtant, me revoilà avec mon clavier de pèlerin.
Lors de recherches récentes sur les agences de traduction, j’ai constaté que la plupart ont fait évoluer leur offre : le tarif le plus bas est désormais celui d’une prestation d’IA générative. Exit la traduction neuronale encore à la pointe il y a deux ans quand j’ai commencé ma formation. Chers clients, ne payez presque rien et sans délai, on vous propose, des phrases crachées par des robots. Tant mieux pour les manuels pratiques. D’ailleurs, IKEA n’a pas attendu le XXIe siècle pour se simplifier la vie : leurs notices de montage sont dessinées. Pour le reste, c’est déprimant. Les agences ont-elles conscience de scier la branche sur laquelle elles sont assises ?
Un prestataire propose de concevoir des formations en ligne grâce à ce que vous savez, avec slides et voix de synthèse. Exit les professeurs, les consultants et les comédiens.
Suffit-il de proposer une intelligence naturelle, élevée en plein air, au grain, locale et de saison douze mois de l’année, pour contrer l’impératif économique zéro coût, zéro délai – peu importe la qualité ? Les plateformes spécialisées proposent aux traducteurs des missions autodestructrices d’entrainement des machines.
Bien sûr l’IA va faire avancer la science et enrichir une poignée de profiteurs. Bien sûr, l’IA va envahir toutes les tâches de bureau, ce n’est qu’une question de temps. Mon mari voudrait me rassurer : à chaque révolution technologique des métiers ont disparu au profit de nouveaux que nous ne sommes pas en mesure d’imaginer aujourd’hui. Certes. Les paysans, devenus ouvriers dans des usines, ont plus tard franchi en col blanc les portes des bureaux. Les secteurs primaire et secondaire, réduits à peau de chagrin, se sont transvasés par osmose dans le secteur suivant. Quand c’est le secteur tertiaire qui rétrécit, quelle est la porte de sortie ? Un retour à la terre ?
La création, particularité humaine suprême, va lui échapper. Pendant que certains s’acharnent à ressusciter le mammouth laineux, la bergeronnette s’évanouit des jardins silencieux dans l’indifférence générale.
Personne ne disparait de mes sièges, hélas, et je refuse de m’allonger sur le coussin de Gaïa. Curieusement, car nous avons créé des mètres carrés, la taille de nos canapés dépasse l’espace disponible pour les installer. Nous risquons donc de devoir les confier à Emmaüs. Avec leurs occupants trop bruyants. À bon entendeur…
Ma librairie ferme demain. J’ai essuyé une larme en quittant Sandra, ma libraire pour la dernière fois. Merci pour tous nos échanges, maintenant qu’on se tutoie, et qu’on a échangé nos numéros de téléphone, nous allons pouvoir nous donner des nouvelles de nos projets d’écriture, de nos lectures, de nos titres confisqués. Je t’enverrai mes brouillons de traduction de romans allemands que j’aimerais proposer à un éditeur.
Pour créer du lien, ne faut-il pas cet espoir qu’au bout de l’échange palpite un écheveau emmêlé d’émotions et de sentiments ? J’ai demandé à l’IA de souffler des mots-dièse (hashtags) pertinents pour Instagram à l’éternelle débutante en réseaux sociaux que je suis. Je pourrais lui réclamer de rédiger cet article. Mais cela perdrait tout son sens. Pourquoi ? Parce que je nourris l’espoir, que de l’autre côté d’un texte, lit une âme qui vibre grâce à un cœur qui bat.
Trois petits tours et revoilà la vulnérabilité. Un robot, comme un bon comédien, peut l’imiter. Donner le change, ne marche qu’un temps.
Quand j’étais adolescente, un ami américain qui avait l’âge d’être mon père, m’avait expliqué beaucoup de choses sur la vie, en particulier le concept très présent dans sa culture, de la perte de l’innocence. Nous avions entretenu une relation épistolaire fondatrice pour moi et je me souviens de sa remarque pour me consoler de mes hauts très hauts et bas très bas, le grand-huit que je parcours à grande vitesse en continu, jour après jour, après nuit, après jour : « la vie sans émotions ni sentiments serait ennuyeuse ».
C’est exactement cela. La vie vivante, la vraie vie, avec son charme et ses aspérités, est la seule que nous ayons. Chérissons-là dans toute son imperfection.
Ôtez cette IA que je ne saurais voir. Et ce chien du canapé.
(Aucun placement de produit suédois n’a été glissé ici).