Hier soir je me suis rendue à la réunion organisée par le collège pour préparer l’échange linguistique de la classe de ma grande avec une classe de 4ème d’un collège parisien.
Ma fille est dans l’équivalent de la 5ème, mais le collège, et donc l’enseignement des langues, commencent au CM2. Avec les décalages dans les âges d’affectation dans les classes (début septembre contre début janvier chez nous), les enfants français auront quelques mois de plus que ceux de Mayence.
J’arrive la première des parents dans la salle de classe, avec une petite satisfaction intérieure : si à notre avis les Allemands sont toujours à l’heure (comment font-ils pour viser aussi juste, à la minute près ? Attendent-ils au coin de la maison le moment précis ?), peut-être dans le cliché réciproque, les Français ne le sont pas. Bon au moins ce soir, je mettrai un peu d‘air frais dans le placard aux idées préconçues. C’est le moment d’ouvrir les points de vue pour toutes ces familles qui vont accueillir un petit Français. J’en profite pour aider à installer les chaises (les élèves les mettent sur les tables le soir pour faciliter le ménage).
Au collège, les élèves restent ensemble dans une même classe pendant au moins 4 ans peut-être plus. Ils occupent une salle de cours dédiée, dont ils changent tous les deux ans, comme d’équipe enseignante. Les relations entre enfants sont par conséquent fortes, et les amitiés interclasses (comme on me l’a expliqué) rares.
Nous voilà donc, les parents, dans la classe de nos enfants, avec les trois professeurs qui organisent l’échange. Ils font l’appel. Sur un tableau latéral sont encore écrits les devoirs à faire. Sur le tableau principal, il reste une liste de couleurs, avec pour chacune un nombre écrit entre parenthèses.
La réunion commence (à l’heure). La professeure principale expose le programme : la classe allemande partira dix jours à Paris en Novembre, et la visite de la classe française aura lieu courant décembre, juste avant les vacances de noël. Ces enfants vont découvrir l’Allemagne sous les lumières du Weihnachsmarkt (marché de Noël) et des bougies de l’Advent (l’Avent), dans les parfums de sapin et de Lebkuchen (pain d’épices). Tant mieux pour eux !
La professeure de français explique que les petits Français n’auront pas un aussi bon niveau en langues que les petits Allemands. C’est exact. L’enseignement des langues est ici un succès : classes plus petites, beaucoup d’oral et des enfants habitués à intervenir tout le temps dans des cours toujours interactifs. (On s’en rend vraiment compte quand une caissière du supermarché s’adresse à nous dans un très bon français lorsqu’elle nous entend parler entre nous). Bon chez nous ça devrait aller, le ou la petit(e) Français(e) ne se sentira pas trop perdue. Nous veillerons à adapter nos recettes pour le ou la faire vraiment voyager.
Elle précise que le collège de l’échange est un collège privé catholique mais que l’on ne sent pas l’influence de la religion et que l’ambiance est très ouverte. Je suis surprise par cette précision : en effet le collège de ma fille est municipal, mais comme partout, les enfants ont des cours de religion. Ils peuvent choisir : catholique, protestante ou éthique.
Certains parents remercient les profs, et viennent apporter les formulaires signés. Je fais de même en m’excusant presque ‘’ Vous savez nous ne sommes pas allemands, pour l’échange ça ne pose pas de problème ? ‘’ Non non aucun. Bon on ne va pas la prendre en défaut quand même cette famille avec laquelle nous allons échanger nos enfants. D’un autre côté, ça sera plus rassurant : tout le monde se comprendra parfaitement ! (J’espère juste pour la bonne entente entre les peuples, que les parents allemands ne suivront pas la suggestion de petit cadeau pour les familles françaises : un truc pour percer les œufs avant de les faire cuire mais qui semble inutilement plus compliqué qu’une épingle… surtout que personnellement je ne connais personne qui fasse des trous dans les œufs.)
A la fin de la réunion, la professeure principale reprend la parole pour présenter un autre projet. Les couleurs au tableau sont le résultat du vote des élèves pour la nouvelle couleur des murs de leur salle de classe. Ce sera donc vert (comme le classeur d’une élève) ou bleu (comme le coin bibliothèque) – négociations encore en cours. Elle précise en riant : ‘’oui je m’y connais, j’ai fait un stage chez une entreprise de décoration dans ma jeunesse, nous allons peindre les murs tous ensemble. Dites aux enfants de mettre des vêtements quasi jetables’’. Et voilà. C’est tout.
Je sors de cette réunion avec le sourire. L’ambiance était à l’enthousiasme positif et communicatif.
J’imagine la réciproque en France, si on apprenait à des parents d’élèves d’un collège municipal que ce sont leurs enfants qui vont repeindre la salle de classe… J’ai l’impression qu’ici une activité différente comme la peinture est vue comme une expérience, occasion d’apprentissages. En France, ce serait plutôt considéré comme du temps pris sur le programme scolaire.
Dans le hall du collège, une classe est assise autour d’une grande table, en train de découper des légumes. Ils ont l’air de passer un bon moment. Il est 20h30.