Permis vélo

Regarder derrière par-dessus son épaule, tendre le bras pour indiquer dans quelle direction on s’apprête à tourner. Tenir compte des priorités à droite, du trafic qui vient en sens inverse.

Ce matin, deuxième séance de pratique de conduite de vélo sur route pour la moitié de la classe de ma plus jeune.

Le vélo est une discipline sérieuse, enseignée au même titre que les autres matières, avec un livre spécifique, un examen écrit (demain !), un examen pratique après plusieurs séances menées par un policier municipal. Ils sont deux parait-il à Mayence à tourner entre les écoles de la ville. Tous les enfants de 4ème classe (9 ans environ) doivent passer le permis vélo. Tout le monde est équipé ici, et les pistes cyclables sillonnent toute la ville (et le pays).

Ma fille a commencé à circuler à vélo ici bien avant d’avoir le permis donc, mais seulement sur les pistes cyclables et sur les trottoirs (autorisés jusqu’à 12 ans). Et depuis qu’elle a commencé les cours à la rentrée d’août, elle fait très attention à ce que ses lampes fonctionnent bien, et globalement à ce que tout soit conforme. Je l’ai aidée avec ses devoirs sur le code de la route pour les cyclistes. Pas simples les mots croisés avec le vocabulaire spécifique en allemand.

Les sessions pratiques de deux heures se déroulent dans la cour de l’école, ou sur la route si le policier qui a observé les enfants les en sent capable. J’ai accompagné ma fille et sa dizaine de copains la semaine dernière. J’y retourne aujourd’hui. Le policier commence par donner un gilet jaune à chaque enfant et des gilets oranges avec la mention VERKEHRSHELFER (aide à la circulation) aux trois parents accompagnants. Hou la la il va falloir assurer ! Nous commençons par nous rendre sur un petit parking où il donne les consignes. Précision finale : les enfants doivent le voussoyer et l’appeler par son nom de famille (‘Herr X’ – ‘Monsieur X’). Les adultes peuvent lui donner du ‘tu’ et utiliser son prénom. OK soit. Je le fais répéter son prénom. Et lui le mien.

Et c’est parti pour deux heures de tours dans le quartier, toujours sur le même parcours tortueux qui multiplie les occasions de tourner à gauche et les croisements à priorités compliquées. Les enfants sont répartis entre les adultes. Deux roulent devant le policier qui les observe. A chaque nouveau tour, les enfants changent de position dans la file. Et les parents aussi (Du bist falsch ! – tu t’es trompée – m’a dit une copine de ma fille quand je me suis glissée dans le mauvais créneau. Les enfants s’adressent aux adultes facilement).

C’est un peu intimidant. Le policier porte un gilet jaune marqué POLIZEI et a un petit rétro sur son casque fluo orange et même une lampe bleue et rouge sur son guidon. (En cas d’urgence, est-ce qu’il allume ce ‘’gyrophare’’ et pédale très très vite ?) Il explique beaucoup les attendus des exercices et pose des questions – ce n’est pas forcément évident, pour les adultes non plus. Ça ne me fait pas de mal de réviser les croisements allemands. Ils ne sont pas tout à fait pareil que chez nous, of course, chaque route a des pointillés sur la chaussée, la priorité à droite s’applique certes, les panneaux ‘cédez le passage’ et ‘stop’ semblent moins utilisés.

Conformément à mon rôle, j’essaie de corriger les trois enfants devant moi et de leur rappeler de bien regarder derrière avant de tendre le bras. Ce sont des points essentiels lors du passage du permis. Pas facile de rester concentrée, le côté tous-à-la-queue-leu-leu a un p’tit air de colo, et je me surprends à pédaler sans trop exercer de sens critique. Suivre un groupe mené par un policier exacerbe l’impression de sécurité. D’autant plus que les automobilistes s’arrêtent tous pour laisser passer notre ruban jaune. Eux aussi sont intimidés par son gilet jaune marqué POLIZEI.

Pour retourner au petit parking, je tends le bras droit. Oh un écureuil traverse la route ! Vers la gauche. Spontanément, je tends le bras gauche pour montrer le petit fugitif aux enfants derrière moi, avec une interjection en français sic. Oups ! Pourvu que monsieur le policier n’ait pas vu mes gesticulations incohérentes. Je ne voudrais pas me faire reprendre.

A la toute fin, les enfants garent leur vélo et filent dans leur cour d’école sans demander leur reste. Ils vont retrouver leurs copains qui se sont entrainés dans la cour du collège (où les parcours sont peints au sol, et où des panneaux sont installés).

Le policier nous salue avant de repartir avec une autre classe. Il donne l’accolade à une maman. Ah tiens, me dis-je, ils doivent se connaître par ailleurs. Ah non, moi aussi j’ai droit au p’tit câlin (raide tout de même, tout cela reste professionnel). Comme quoi, il ne faut pas se laisser abuser par les insignes et le ton d’expression. Reste à ‘serrer les pouces’ (croiser les doigts) pour le test de la semaine prochaine.

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