Je me retrouve à poser une question que je n’avais pas posée depuis très longtemps :
Vous prenez la carte bleue ? oui et Visa aussi ? Non, ah dommage. Bon va falloir que j’aille retirer de l’argent. C’est où ? C’est loin ? Vous pouvez me garder mes courses (mes affaires, mes enfants) svp?
Pas moderne l’Allemagne. En tout cas bien moins que la France et l’Angleterre. Et surtout bien moins que l’idée que nous nous en faisions. Fichus préjugés. Le fait que le client paie la plupart du temps en liquide, on savait. Nous pensions que c’était une question de préférence, d’habitude, pas une contrainte, imposée par l’environnement technique. Si les commerces prennent une carte, c’est généralement celle du réseau bancaire allemand, et c’est tout.
‘Le sans quoi ?’ le sans contact. Parfois. Rarement. Mais Les distributeurs proposent par défaut des montants vertigineux pour un Français habitué à retirer 50 euros les jours de grandes courses (ou de fête à l’école). Réaction primaire (la mienne) à la vue de l’écran : « Whaou ils sont riches les Allemands ! » autre réaction toujours aussi primaire (et toujours la mienne) : « Bon en même temps t’as vu leurs voitures ? »
Lorsque je suis allée m’inscrire à la Volkshochschule (l’équivalent de nos MJC, que l’on traduirait par ‘université populaire’) j’ai attendu patiemment derrière une dame qui comptait tout aussi patiemment sa liasse de billets pour payer son inscription à l’année (plusieurs centaines d’euros tout de même).
Avis aux voleurs à la tire.
En fait, il semblerait que le recours aux espèces provienne d’une grosse méfiance vis-à-vis de la protection des données personnelles et de l’informatique (bon, pas chez le docteur – malgré les affiches – car tout le monde entend tout sur tout le monde) – héritage douloureux de la Stasi.
Cette impression de décalage dans le temps s’accentue avec la prise de conscience de la faible connexion du pays. Lorsque n’écoutant que le bon sens de mon amie allemande, je demande ma carte de fidélité chez DM (un magasin formidable), l’employée me demande mon adresse postale. C’est tout. Je reste interloquée. J’attends qu’elle me demande de compléter avec mon mail, mon numéro de portable. Mon empreinte digitale. Non. Je repense à la dernière carte faite chez un commerçant de Lyon, où il ne m’a été demandé que mon adresse mail. Point. Justement en matière de points, je reçois des tas de courriers papier avec mes points de fidélité (pas encore tout compris sur leur utilisation, ça viendra).
Et surtout, surtout, incroyable mais vrai…. On m’avait prévenue mais je pensais que c’était exagéré, une blague pour nous effrayer…. Nous avons attendu 3 mois avant d’avoir internet à la maison. 3 MOIS. Vous vous rendez compte. 3 MOIS. En 2018. On aurait dû se méfier : le wifi se dit WLAN. WLAN la porte dans la tête. La faute au marché qui n’est pas libéralisé ? Le service client ? euh …. Disons que le client doit se contenter du service proposé faute de mieux.
Et encore, depuis l’installation de notre box, ça bugge presque tous les jours. ARRRRGH.
Pendant cette période temporaire fort loooooooongue (comme un jour sans Brötchen), dans le but de ne pas perdre contact avec mes amis, ma vie et de façon générale mon époque, j’ai cherché un café avec wifi. J’ai demandé aux dames de mon cours de yoga qui ont ri : Heu non, y’en a pas par ici. Peut-être dans les cafés américains de la gare ? Oui sans doute, mais ça ne me fait pas envie du tout.
Sur différents aspects, nous avons l’impression d’un joyeux retour aux années 80 (surtout avec le look moustachu de certains) et parfois même aux années 40 (enfin, ce que nous en imaginons) : les enfants vont sonner les uns chez les autres pour aller jouer dans l’herbe ou sur les balançoires, ils se retrouvent pour aller manger seuls une glace à l’échoppe du coin.
Et ça franchement, c’est super agréable. Et je me dis que ça vaut bien un trimestre sans internet.
Enfin, je me le dis après coup.