Chiche ?

Notre petite famille s’est installée en Allemagne à Mainz en été 2018 pour les besoins professionnels de mon mari.

Nous avions depuis longtemps envie de nous lancer dans l’aventure de l’expatriation. C’était un fantasme assez sûr et serein puisque nous ne pouvions pendant longtemps pas le mettre en pratique pour des raisons familiales. Quand l’occasion s’est présentée à un moment opportun, faute d’excuse valable à nos propres yeux, nous nous sommes retrouvés face à notre envie déclarée et avons accepté de relever le défi (même si notre envie fondamentale était de partir en territoire anglophone).

Ce n’était pas une décision évidente : 120 collègues de monsieur ont été priés d’aller poser leur ordinateur en Rhénanie, sous peine de perdre leur emploi. Il s’agissait d’abandonner leur contrat de travail français pour un contrat allemand. Le départ n’était pas une expatriation (avec le filet de sécurité d’une organisation solidaire sur place, d’une école internationale financée par l’entreprise, et surtout d’une date de retour).
A part mon mari, un seul autre salarié a accepté de déménager toute sa petite famille sur les bords germains du Rhin. 

Jusqu’à présent, d’autres tâches ont eu la priorité dans ma vie – et Dieu sait, et vous imaginez aussi – combien il y en a des tâches quand on installe sa famille dans un pays étranger en free lance. J’ai été pendant de longs mois la seule de nous quatre à parler allemand. Il a fallu apprivoiser un nouveau quotidien, soutenir nos filles de 7 et 10 ans alors, qui commençaient à l’école sans parler la langue, le tout en étant soi-même perdue et très isolée.

On croit connaître un pays parce qu’on y a des amis d’enfance et qu’on y a fait du tourisme et un stage de vente chez IKEA à 17 ans, que ce pays a une frontière commune avec la France. On se sent ouverts puisque nous sommes une famille biculturelle – avec un papa anglais et une maman française, des enfants bilingues et habitués aux mélanges de langues et d’habitudes dans leurs écoles internationales.

Le quotidien a vite fait de vous rappeler que vous êtes en territoire étranger et que pour la vie de tous les jours le réflexe ne suffit plus.

Donc nous avons gravi ensemble les rochers acérés de notre première année en Allemagne – car passés les alpages verts et moelleux de l’enthousiasme des débuts de l’aventure familiale (heu environ les quelques jours précédant la rentrée scolaire), nous avons attaqué les dénivelés rocailleux.

On savait que ce serait dur. On ne se doutait pas à quel point.

Nous vivons des moments de doute, de remise en question, de perplexité, d’incompréhension, de ras-le bol, de joie, de soulagement et de fierté.

Nous rencontrons des gens adorables. D’autres moins.

De petit rien en gros tout, ce sont ces quiproquos, ces tâtonnements liés aux différences culturelles que j’ai envie de partager ici.

Et lors de mes trajets à pied ou en vélo dans notre coin calme et vert, je composais souvent des textes dans ma tête pour donner du sens à notre expérience et la partager.

Alors le 05 Août dernier, en plein repassage, apaisée par quelques gouttes de pluie sur le balcon, je me suis décidée à concrétiser cette envie de connexion. Ce blog est le fruit de cette envie mûrie.

Vous venez d’en lire le premier article.

Je me sens heureuse, fière et intimidée de m’être lancée dans cette nouvelle aventure dans l’aventure.

Je vous remercie de votre confiance. A bientôt.